J'ai rencontré Maitre Tamura début 87, j'avais 12 ans et 5 mois d'Aikido.
J'étais bien sur émerveillé devant ce maître qui faisait voler des gros balèzes sans forcer... de la magie... Mon père ayant des responsabilités fédérales j'ai eu la chance de pouvoir le voir 1 à 2 fois chaque année en moyenne.
J'étais toujours été impressionné par le monde, la ferveur des pratiquants, la bonne humeur pendant les stages et le sérieux en même temps...
Tous ces gradés qui répétaient inlassablement les mouvements et qui ne bougeaient quasiment pas quand sensei les saisissait... Les premières années Sensei venait régulièrement et je pense que ce sont les seules fois de ma vie ou j'ai réussi à passer des mouvements sur lui !
C'est à l'adolescence que les choses ont véritablement changé, j'ai présenté mon shodan (ceinture noire) aikikai à 16 ans, sensei m'a dit un mot à l'issue du passage : « solidité ». Je n'ai pas vraiment compris sur le moment... tout content d'avoir réussi...
Sensei a continué à passer me voir en général une fois dans les week-ends pendant des années (ce qui était pas mal vu le nombre de pratiquants) mais ne restait jamais. Il m'attaquait et moi j'essayais mais ça ne marchait pas, je ne bougeais pas et il partait...
Je me disais qu'il avait ses chouchous avec qui il restait longtemps pour leur expliquer, faire ressentir et moi quasiment rien. Il m'a fallu ensuite une bonne dizaine d'années pour enfin comprendre le début... Je le dois en grande partie à mes profs sur Paris que sont Gérard Bizord et Michel Leblond et des hauts gradés comme Stéphane Benedetti et Jacques Bardet qui ont été patients avec moi. Je les en remercie. En gros je commençais à tenir sur mes jambes... Il y a des gens pour qui c'est naturel pas pour moi.
Les dernières années sensei a commencé à rester plus longtemps et revenait 2 à 3 fois dans le week-end et m'aidait à ressentir des choses. J'avais commis une erreur d’appréciation, sensei n'avait pas ses chouchous mais passait plus de temps avec ceux qui commençaient peut être à chercher du bon côté. Depuis quelques années je poursuis mon étude sur la solidité sur le plan physique ( pour amener quelqu'un au sol il faut être capable de tenir sur ses jambes correctement... ) et j'essaie aussi de travailler la solidité sur le plan mental. De ce côté là il me reste un long chemin je crois...
Merci sensei pour la patience et la graine que vous avez semée il y a des années. J'essaie, maintenant qu'elle a germé, de la faire grandir.
Pierre Castay.
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