Ouvrage rudimentaire érigé d’abord de branches et de pierres, il a très vite évolué pour faire place au bois et au fer. Son utilité, franchir l’infranchissable pour faire gagner du temps au temps. Tout ce « temps » économisé à éviter les détours interminables, a pu permettre à l’homme de consacrer son « temps » à autre chose ; de vivre mieux sans doute en s’épargnant de la fatigue, donc de passer plus de « temps » avec ses proches, ainsi que de développer plus d’expériences. Mais cela reste du domaine du « physique ».
D’un point de vue plus personnel et de façon « Esotérique », le pont peut s’apparenter à une passerelle qui nous guide vers l’universalité. Passer d’un état à un autre, changer de direction, aller du physique au mental, du visible à l’invisible. L’amour Universel ?
Rien n’existe sans son contraire ( jour/nuit, femme/homme, devant/derrière, …).
En Aïkido, cela s’appelle Omoté/Ura. Omoté, ce qui se voit, qui se trouve devant, la face visible ( l’objectif). Ura, ce qui est caché, se place derrière, le côté invisible, (le subjectif) ; l ’ insoupçonnable. Peut-on dire que ce qui ne se voit pas n’existe pas ? L’air par exemple…
L’univers est ainsi fait, et nous savons aujourd’hui que nous ne faisons qu’un tout indissociable. La théorie qui consisterait à dire que nous ne sommes qu’une évolution logique d’un processus purement physique ne peut pas toujours tenir. Sommes- nous issus de rien ? Rien ne fonctionne seul. La moindre petite cellule solitaire est vouée à mourir si elle ne joue pas un rôle dans le système.
Mettre un pied sur la passerelle suppose de transcender nos expériences, où plus rien ne correspond au monde physique. Le temps n’existe plus, le temporel devient intemporel car passé, présent et futur ne font plus qu’un. La notion de vie et de mort n’a plus de sens. Avancer sans se retourner car c’est déjà le passé, seul le présent compte et nous guide vers un futur encore inconnu et pourtant si proche.
Tels les barreaux d’une échelle que nous gravissons tout au long de la vie et qui nous font grandir (atteindre l’universalité ?), nous nous appuyons sur les expériences précédentes afin de continuer. Rester figé sur un étage, suppose l’arrêt et sans doute la non acceptation de soi et du principe de l’univers. Ainsi, peut se déclenche des situations de conflit intérieur pour devenir victime face à un persécuteur qui cherche désespérément un sauveur (demande d’aide extérieure). Parfois, nous pouvons être les trois à la fois et finir comme la cellule isolée. Lorsque que nous croyons que plus aucune possibilité d’avancer ne s’offre à nous, nous sommes perdus (Manque de repères). Est-ce là une des causes de dérèglements psychologiques ?
L’Aïkido, si nous ne restons pas sur une pratique superficielle, va pouvoir nous conduire dans cette recherche de paix universelle dont le passage obligé sera sa propre paix intérieure.
Les examens de passage de grades dan sont un bon moyen de vérifier le côté « Omoté » de la pratique (forme). Qu’en est-il du côté « Ura » (fond) . Nul ne peut répondre à la place du prétendant, car c’est à chacun de trouver le chemin qui est le sien. La pratique doit-elle conduire à la reconnaissance de l’acquis où bien amener à descendre au plus profond de soi ? Le petit enfant a besoin de la main de son père pour le guider, et tout en grandissant, il va lui laisser un peu de liberté tout en gardant un regard prudent, pour finalement le laisser partir seul faire sa propre vie. Ces principes s’appliquent également en Aïkido jusqu’au 4° dan. Au-delà, cela n’engage que l’homme face à lui-même…
Hervé BRETON
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