Oui, car le message véhiculé par celles et ceux qui le transmettent est le même. La différence réside dans la compréhension que nous en faisons et de ce qui est mis dans les messages enseignés (le sens de la pratique).
Pourquoi souhaitons-nous pratiquer l’Aïkido ?
Bien des réponses sont évoquées, et, à juste titre, elles sont toutes recevables et respectables (Philosophie, self défense, socialisation, rencontres, amélioration de la santé etc…).
Au début de la pratique nous allons commencer à développer l’amélioration de notre corps en intégrant les principes fondamentaux d’application de la technique (Shiseï, Kokkyu, Kamaë ,Maaï, Irimi) ces cinq principes réunis sont « Zanshin ». Nous pouvons traduire ceci par : Attitude, respiration, garde, distance, centrage. Etre un homme en quelque sorte !
Qu’est que cela veut dire ?
Pouvons-nous avoir un bon comportement de vie si nous n’essayons pas de nous corriger par nous-même de nos failles insoupçonnées. Même si notre culture et notre éducation nous transmettent des valeurs, nous ne sommes pas toujours « justes » et « droits ». L’Aïkido n’a pas vocation à changer les hommes, mais à leur faire prendre conscience de leurs imperfections afin de les corriger.
Le regard que nous portons sur nous-même est constamment faussé puisque il demeure sans cesse dans un principe de sécurité qui nous protège et nous empêche de voir en « dedans » pour mieux voir au « dehors ». Nous avons tout à apprendre des autres sur nous-même, c’est pourquoi le partenaire (et non l’adversaire) va s’imposer à nous comme une contrainte physique et donc mentale qui amènera à comprendre où nous devons nous situer pour que la technique fonctionne (stratégie).
En Aïkido, nous devons oublier ce pourquoi nous croyons que nous sommes faits (vivre essentiellement par le physique), ce qui a pour conséquence de favoriser l’égo. C’est une des raisons pour laquelle il ne peut y avoir de compétition, puisque la recherche de la performance sur l’autre ne présente aucun intérêt, Seul le travail sur soi importe. Cela va durer toute la vie. Si la technique ne marche pas, c’est qu’il y a quelque chose que je n’ai pas encore réglé où intégré en moi pourrait-on dire.
A mon avis, le véritable sens de l’Aïkido va se révéler qu’après un grand nombre d’années de pratique, lorsque l’âge faisant, nous serons débarrassés d’une bonne partie de l’égo et que nous allons commencer à nous poser les « bonnes questions ». Certains vont choisir d’autres voies pour y accéder.
Dois-je me satisfaire d’un grade élevé qui me permettra d’être respecté uniquement pour l’aspect technique abouti ? Non, bien sûr, sinon serait vain un parcours aussi long qui conduirait à refaire la boucle de l’égo. A quoi servirait toute l’étude avec des partenaires qui m’ont permis de créer de « la relation » si dans la vie de tous les jours elle soit perdue ou inutile ?
Dans une société qui a presque totalement oublié les hommes dans le principe d’unité, en laissant place à un système de logique individualiste qui prône la réussite personnelle au détriment du subjectif, accorde toute sa place à des pratiques fédératrices comme l’Aïkido. Nous en sommes arrivés à oublier l’homme en tant que tel sans tenir compte de sa vie, de ce qu’il pense de ce qu’il ressent et surtout de ce qu’il « EST ».
L’Aïkido par sa pratique régulière amène peu à peu une véritable prise de conscience des rapports humains tant dans le « dôjo » (lieu de l’étude), qu’à l’extérieur.
Hervé BRETON 5° dan diplômé d’état
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